Le petit bout de femme que tu es, étais installé sur le fauteuil semblait dans les bras de Morphée. Tes paupières étaient closes et ta poitrine se soulevait régulièrement au rythme lent de ton pouls ralentit semble-t-il par le sommeil.
Il n'en était rien, tu y veillais au grain, n'est-ce pas ?  Si on te regardais de plus près, tes yeux noisettes n'étaient pas tout à fait clos. Et tes lèvres rouge sang et charnues remuaient faiblement sous la chanson que tu chantonnais.
La petite, la toute petite, avait bien grandit. Grandit un peu trop vite. Parfois, tu réagissais d'une façon si immature qu'il était difficile de te différencié de la fillette que tu étais auparavant.
Désormais, on attendait de la patience, de la sagesse d'une femme de ton calibre et de ton âge. Tu foulais la Terre depuis bientôt 169 ans. 169 années qui n'avaient rien soustrait à ta beauté. Sublime, c'était un mot que l'on dirait inventé pour toi.
Je sais que tu déteste parler de toi. Tu as un passé chargé. Les années t'on appris à te taire. Tu ne voudrais pas effrayer qui que ce soit n'est-ce pas ? Tu as bien conscience d'être un monstre. Une bête de foire si quelqu'un apprenait que tu devenais sanglante, que tes canines s'aiguisait lorsqu'on te mettais en colère ou que tu voulais protéger quelqu'un à qui tu tenais. Tes émotions, tu les cache à la perfection. Personne ne peut voir ta faiblesse intérieur, à part moi. Tu parais si calme, si réfléchie mais ton sang bouillonne sous tes veines, je peux le sentir d'ici.
Personne ne t'a jamais vu pleurer. Tu es plus présente pour les autres que pour toi. Rendre heureux les autres te rend heureuse. Quelle égoïste. Analyser les autres, les conseiller, c'est ta spécialité. Ce n'est pas pour rien que tu as choisis ce métier. Établir le profil psychologique des criminels, savoir le pourquoi de leur crime. Ce sont tous des monstres, mais ils ne sont pas nés ainsi, comme toi. Tu les comprend mieux que personne, tu as tué tant de personnes toi aussi. Tu ne vaux pas mieux qu'eux. Mais tout le monde mérite une seconde chance, tu laisse le bénéfice du doute à tes semblables.
Tes sens sont aiguisés, ton sens de l'observation et ton instinct te servent. Tu n'a rien de superficielle, les vêtements, le maquillage ce n'est pas pour toi. Tu as une très grande résistance à la douleur et tu n'es pas du genre à te plaindre. C'est ta masculinité qui te rend sexy. Tes longs cils, ta grâce. Tout ton être est fait pour plaire. Mais chez toi, tout ceci est naturelle. Tu as peur de la vie, tu as peur de la mort. Mais tu n'en montre rien. Tu te bats constamment, contre les autres et contre toi-même.
Tu es plus fragile que tu ne le laisse paraître mais ça n'enlève rien à ta force. Tu as du caractère, et tu es bourrée d'humour. Tu ne cherche pas à caché tes défauts, c'est tout-à-fait adorable.  Tu es comme un caméléon, tu t'adapte à tout, tu es paradoxale. Tu es tout et son contraire. Tu es ... déroutante.
Et lentement tu ouvre tes yeux. Et tout ce que je vois c'est que tu es déçue du monde qui t'entoure. De la réalité qui t'entoure. Je vois parfaitement ton amour pour la fiction. Un amour si grand, que tu finis par t’enfermer dans une tour d’ivoire, préférant les personnages romanesques de tes livres, séries et poésies à tout ce petit monde insensible et stupide. Tu en trouvais certains forts pour leurs beautés, leurs sensibilités, leur intelligence. Mais bien plus que ça, tu appréciais les personnages tragiques. Les éternels incompris auxquels tu t’identifiais secrètement, et sans jamais te l’avouer entièrement. Les destins écrit dans la tristesse, dans la perte de la chose la plus convoitée au monde, les pauvres fous et mal entendants. Tu n’appréciais pas la souffrance en elle même, tu appréciais son côté poétique. L’amour du temps qui passe, et qui se fane. De la destruction pour mieux reconstruire, philosophie que tu abordais déjà depuis longtemps. Il n’y avait ni mal ni bien. Il n’y avait que des gens incompris, tristes, seuls. Et ce petit bout de femme, dans sa robe bleue nuit au reflet violet, se sentait importante, en s’identifiant à des incompris. Ainsi Irina Cally-Rose Layton, car c'est le doux prénom que tu porte,  s’enferma très tôt dans un monde rêveur, enfantin, mais néanmoins pris de souffrance romantique et cynique.
Tu as un goût prononcé pour la théâtralité mais tu es toi, et ça ... ça n'a pas de prix.